5 problématiques qu’engendre notre modèle d’approvisionnement en période de crise

À l’annonce de la pandémie, les mesures de sécurité de nombreux pays ont conduit à la fermeture d’une partie des routes commerciales, provoquant une véritable défaillance des circuits de livraison à l’échelle mondiale.

En effet, une étude de l’ISM (Institute for Supply Management) (1) montre que depuis le début du mois de février, 75% des entreprises interrogées ont connu au moins une rupture de leur chaîne d’approvisionnement impactant directement leur performance et leur capacité à répondre à la demande. Ces ruptures sont majoritairement liées à l’incapacité des fournisseurs directs à distribuer leurs produits dans des quantités adéquates et dans les délais attendus. 

Selon l’étude, près d’un tiers des entreprises ont développé de nouvelles relations commerciales internationales, quand d’autres se sont tournées vers des solutions d’approvisionnement locales pour contrecarrer la défaillance du système de transport.

L’étude révèle aussi que dans 31% des cas, les clients ont dû répondre à cette défaillance en allongeant leurs délais de production et de distribution ou, dans le pire des cas, en stoppant leurs activités. 

Nous gardons tous en mémoire les prises d'assaut des produits de première nécessité et des biens médicaux au début de la crise, ou encore l’explosion du recours au e-commerce. Ces hausses soudaines de la demande de produits spécifiques, associées aux mesures sanitaires imposées aux entreprises, ont poussé les fournisseurs concernés dans leurs derniers retranchements pour honorer toutes leurs commandes. 

Néanmoins, les restrictions concernant les échanges internationaux ont ajouté un élément de complexité de taille dans l’acheminement des biens et la recherche de solutions de stockage. Si bien que beaucoup d’entreprises n’ont pas su s’adapter pour livrer tous les produits attendus en quantités supérieures, provoquant des ruptures à tous les maillons de la chaîne d’approvisionnement.

La majeure partie des prévisions réalisées par les professionnels de la logistique pour le premier trimestre 2020 s’est retrouvée inexploitable. Personne n’a été en mesure de prédire cette crise et encore moins l’impact qu’elle aurait sur nos activités. Cependant, le travail de prévision est un élément essentiel dans la prise de décision quant à la stratégie à adopter pour ses solutions de stockage. Sans informations fiables, les entreprises se sont donc retrouvées dans l’incapacité de piloter efficacement leurs stocks.

L’impossibilité d’anticiper les volumes a engendré une forte désorganisation dans la gestion des stocks tout au long de la chaîne d’approvisionnement. Pour exemple, les branches de transport européen de Kuehne + Nagel en viennent à devoir surveiller la disponibilité et la capacité de leurs clients à recevoir des marchandises. Des mesures drastiques sont prises pour éviter la surcharge d’une capacité déjà très réduite.

« Pour tous les pays d'Europe, nous demandons toujours aux expéditeurs de vérifier la disponibilité et la capacité de leurs clients à recevoir les colis pendant les heures de bureau, avant de nous remettre les colis. Les colis qui ne peuvent être livrés en raison de l'absence des destinataires seront retournés aux expéditeurs à leurs frais. Si les expéditeurs ne sont pas en mesure de récupérer ces envois, des frais de stockage s'appliqueront. »

L’effet “bottleneck” rencontré en réception sur les quais des entrepôts s’est intensifié et a engendré des coûts importants sur toute la chaîne. Certaines marchandises manquent - comme les produits de première nécessité dans la grande distribution - et d’autres sont en sur-stock, entraînant des difficultés de gestion par les logisticiens d’entrepôt. (2)

La pandémie du Covid-19 a frappé de plein fouet la main d’œuvre de certains secteurs économiques. Pour des questions de prévention et de sécurité, beaucoup de travailleurs ont dû être renvoyés chez eux pour une durée allant de quelques semaines à plusieurs mois. La reprise d’activité s’est opérée par étapes, avec une ouverture des usines progressives en fonction de la localisation, de la taille des entreprises et de leur domaine. Les entreprises reposant leurs activités essentielles sur la main-d’œuvre ont été les premières à devoir diminuer leur cadence de production, voire à stopper leurs activités pendant toute la période de confinement.

Les systèmes d’information et l’analyse de données sont devenus des enjeux stratégiques et essentiels pour toute entreprise. Pour bien gérer son entreprise, il est important de savoir définir son avenir et pour cela il est aujourd’hui primordial de gérer ses informations.

Malheureusement les systèmes d’information sont parfois incapables de remonter les informations pertinentes permettant la compréhension rapide de situations exceptionnelles. 

Cela a été le cas pour beaucoup d’entreprises pendant cette crise. Par leur manque de fonctionnalités et leur conception basée sur l’hypothèse d’un modèle opérationnel fixe, les SI n’ont pas pu supporter les mesures d’urgence et processus dégradés mis en place pour répondre rapidement au bouleversement des secteurs d’activité. Certaines entreprises ont été contraintes de contourner leur SI, afin d’effectuer des opérations exceptionnelles qui permettaient d’assurer la continuité des opérations.