4 axes d’amélioration pour renforcer sa logistique
Après avoir identifié les différents points de défaillance de la chaîne d’approvisionnement lors de plusieurs cas de crises majeures, il est maintenant possible de traiter les 4 principaux axes d’amélioration permettant de repenser sa chaîne d’approvisionnement pour mieux la protéger face à des menaces similaires. L’exploitation des nouvelles technologies rend possible la mise en place d’un système capable de sécuriser la gestion logistique des entreprises et de rendre les chaînes d’approvisionnement plus pérennes.
Développer des solutions de fabrication et d'approvisionnement en local et en multi-source
Les stratégies mises en place depuis plusieurs décennies, visant à se fournir en biens ou matières premières auprès de pays étrangers, ont grandement augmenté la dépendance des entreprises à un écosystème de fournisseurs répartis aux quatre coins de la planète. L’économie mondiale est totalement dépendante d’un certain nombre de sources d’approvisionnement localisées, qui par leur productivité, leurs avantages technologiques et leurs avantages naturels sont les uniques sources compétitives de certains produits essentiels.
Par conséquent, les chaînes d'approvisionnement sont devenues mondialisées, augmentant la complexité législative et réglementaire associée aux flux logistiques et augmentant les risques de rupture du fait de la complexité de la gestion d’un tel réseau.
Pour limiter la complexité de la chaîne d’approvisionnement les entreprises prennent souvent la solution la plus simple qui consiste à s’approvisionner auprès de sources uniques, ce qui constitue toujours des risques à long terme (ruptures, perte de flexibilité, diminution du pouvoir de négociation…).
Il est possible de protéger sa chaîne d’approvisionnement de ces risques en repensant sa stratégie de logistique en amont, notamment en développant une stratégie d’approvisionnement multi-sources qui privilégie les acteurs locaux. Ce modèle consiste à sourcer un même service ou un même produit chez plusieurs fournisseurs dont la proximité géographique et culturelle simplifie l’exécution des échanges commerciaux et des collaborations tout en apportant une meilleure visibilité sur le cadre légal dont relèvent les différentes entreprises impliquées. La répartition d’approvisionnement se fait en adoptant un modèle équilibré (50:50) ou asymétrique (ex: 70:20:10). Cette configuration permet de réduire drastiquement les risques de ruptures des entreprises car elles disposent de plusieurs options d’approvisionnement pour couvrir tous les imprévus. Elle donne également plus de souplesse dans les négociations entre le client et ses fournisseurs.
Les principaux avantages de l'approvisionnement en local et en multi-sources sont de :
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Minimiser les risques de rupture grâce à un approvisionnement plus flexible, plus lisible et plus contrôlé
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Disposer d’une meilleure souplesse dans les négociations
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Mieux réagir aux fluctuations de la demande et du contexte économique
Développer l'automatisation
La forte dépendance à la main-d'oeuvre a poussé beaucoup d'entreprises à suspendre leurs activités pendant cette période de crise. Cette conséquence est le résultat direct d’une décision gouvernementale de mise en quarantaine de la population et de l’instauration de mesures sanitaires fortes pour les entreprises.
La situation aurait pu être différente si ces entreprises avaient mis en place un système permettant de maintenir au moins une partie de leurs productions en activité indépendamment de la disponibilité de la main-d’oeuvre. Un tel système peut se présenter sous la forme d’une automatisation des activités continues fonctionnant en synergie avec la main d’oeuvre ou par la mise en place d’un système d’automatisation en remplacement de la main d’oeuvre.
Malgré des coûts élevés et des contraintes d’infrastructure, l’intégration des technologies d’automatisation s’inscrit dans la tendance de l’entrepôt 4.0 visant à décharger les opérateurs de tâches de manutention répétitives et parfois dangereuses. On parle par exemple de l’intégration d’AGV (Automatic Guided Vehicles), des véhicules capables de déplacer de lourdes charges d’un bout à l’autre de l’entrepôt en suivant le champ magnétique d’un câble électrique préalablement enfoui dans le sol. Ces solutions technologiques renforcent la productivité des opérations répétitives grâce à une cadence régulière tout au long de la journée. Elles limitent considérablement les flux de personnes dans l'entrepôt en leur permettant de se concentrer sur des postes fixes à forte valeur ajoutée.
Certaines entreprises ont même réussi à mettre en place des systèmes d’automatisation contrôlés à distance par leurs employés afin d’éviter de leur imposer un déplacement dans des entrepôts inadaptés et aux conditions difficiles (stockage en chambre froide, transport de matières toxiques). Depuis quelques années, les entreprises à la pointe de l’automatisation tendent à se rapprocher du concept de “Dark Warehouse”, à savoir un entrepôt entièrement automatisé capable de fonctionner sans intervention humaine et donc… sans lumière !
L’automatisation n’est cependant pas adaptée à toutes les entreprises. En plus du coût très élevé du matériel et de l’implémentation, cette solution s’adresse surtout aux entreprises détenant un circuit de logistique fluide, avec des entrepôts très optimisés et possédant des espaces larges. Elle ne peut que soutenir des processus déjà éprouvés.
Le développement de l’automatisation présente plusieurs avantages :
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Une réduction de la dépendance à la main-d’œuvre et un recentrage des métiers sur des tâches à plus forte valeur ajoutée
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Une meilleure flexibilité de la cadence de production
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Une solution de maintien d’une activité minimale en cas de crise sur la main-d’œuvre
Repenser ses systèmes d'information
Les systèmes d’information jouent un rôle essentiel dans l’industrie moderne, dans les activités logistiques et tout particulièrement dans la gestion de la performance de la logistique amont.
Un système d’information mal construit ou mal configuré ne permet pas d’obtenir les indicateurs nécessaires pour répondre efficacement à une crise spécifique ou à la modification soudaine des habitudes de consommation de la population dans des délais convenables.
A l'inverse, lorsqu'ils sont correctement développés et configurés, ces outils de supervision sont capables d’aider à anticiper les risques, en proposant des scénarios adaptés au mode de gouvernance et aux spécificités de l'organisation.
Il est important de redéfinir la place de l’information dans l’industrie mais également son accès au sein de l’entreprise. Les systèmes d’information doivent rester des outils de prises de décisions stratégiques en permettant à tout moment d’identifier un besoin d’adaptation de son activité face à un évènement impactant (variation des volumes de commandes, retard fournisseur, rupture de produits, inadéquation de la main d’oeuvre avec les besoins opérationnels, etc.), qu’il soit interne ou externe à l’organisation.
Pour cela il est nécessaire de retravailler ses systèmes d’information existants en testant leur capacité de réponse à des scénarios préalablement définis lors d’une étude de la gestion des risques de l’activité. Les entreprises modernes ne peuvent plus s’appuyer sur des systèmes d’information rigides et spécifiquement conçus pour soutenir des processus dont on espère qu’ils resteront figés dans le temps. Chaque jour apporte son lot d’imprévus et les entreprises cherchent à se renouveler sans cesse pour rester compétitives, c’est pourquoi les systèmes doivent être suffisamment flexibles pour s’adapter à l’inévitable évolution des processus dans le temps.
Il est primordial que ces systèmes permettent d’anticiper les imprévus et qu’il fassent parvenir les bonnes informations aux bonnes personnes, réduisant considérablement les risques de passer à côté d’une problématique majeure.
La refonte des systèmes d’information permet notamment :
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D’anticiper les phénomènes impactants
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D’optimiser le temps nécessaire à la prise de décisions
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De mettre en lumière des informations critiques pour la gestion de l’activité
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De supporter l’évolution des processus de l’entreprise
Cartographier son écosystème et mesurer la performance
Les articles précédents ont démontré que notre modèle de chaîne d’approvisionnement traditionnel est complexe car il inclut un nombre important d’acteurs dans son écosystème.
Dès lors qu’une détérioration de l’activité apparaît chez l’un de ces acteurs, l’anticipation et la gestion des répercussions peuvent s’avérer délicates pour les entreprises se situant aux étapes suivantes de la chaîne. Ces entreprises auront du mal à obtenir de la visibilité sur la problématique ou à engager un dialogue transparent avec la source du problème. Ce phénomène est récurrent pour beaucoup d’entreprises dépendant en amont d’une chaîne d’approvisionnement complexe. En vérité, les entreprises ont une vision relativement complète de leurs fournisseurs directs, mais peu d’entre elles ont accès à l’écosystème d’entreprises qui opère aux niveaux supérieurs de la chaîne d’approvisionnement.
Pour mieux anticiper la propagation de problématiques tout au long de la chaîne d’approvisionnement, les entreprises ont tout intérêt à cartographier leur écosystème de fournisseurs et à mettre en place un suivi régulier, le but étant de développer une vision globale des activités des fournisseurs de rang 1 et plus, tout en repérant d’éventuelles vulnérabilités. Cet investissement peut s’avérer décisif sur le long terme, en permettant notamment de repérer parmi son réseau de fournisseurs : des soucis de cadence, des fournisseurs pratiquant le mono-sourcing pour des produits clés, des baisses de qualité, ou encore des pratiques condamnables qui pourraient affecter l’image de l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement.
Les chaînes d’approvisionnement modernes tirent le meilleur parti des systèmes d’informations afin de mettre en place une cartographie et un suivi de leur écosystème de fournisseurs/clients. Plus particulièrement, c’est l’intégration d’interfaces communes entre les clients et les fournisseurs qui définira les chaînes d’approvisionnement de demain. En plus de permettre de gagner en efficacité opérationnelle tout en renforçant durablement le lien entre les entreprises, le principal intérêt des interfaces communes est qu’elles permettent d’identifier rapidement des phénomènes externes en amont comme en aval, là où les systèmes d’informations autocentrés ne se concentrent que sur le périmètre restreint de l’entreprise seule.
Les principaux avantages de la cartographie et du suivi sont :
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L’anticipation des variations de cadences de production, de livraisons et d’autres problématiques (qualité des produits, santé financières des fournisseurs/clients, réputation, etc.)
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L’intégration des acteurs de la chaîne dans le partage réciproque d’informations
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L’accélération de la prise de décisions stratégiques grâce à un meilleur suivi des tendances de l’industrie et du marché
La crise du COVID-19 a révélé, une fois de plus, les failles d’un modèle de chaîne d’approvisionnement vieillissant et à bout de souffle. Les pistes d’amélioration sont connues et s’articulent principalement autour de 4 axes fondamentaux :
1. Développer des solutions de fabrication et d'approvisionnement en local et en multi-source
2. Développer l'automatisation
3. Repenser ses systèmes d'information
4. Mettre en place une cartographie et un suivi efficace de l’entreprise et de son écosystème
L’implémentation de ces solutions permettra aux entreprises d’améliorer leurs capacités d’anticipation, de réaction et d’adaptation et ainsi de solidifier la chaîne d’approvisionnement sur le long terme. Ce n’est qu’à travers la remise en cause du modèle actuel et une réelle volonté d’investir dans un système pérenne que nous construirons le modèle de chaîne d’approvisionnement de demain.
Nous vous remercions d'avoir suivi cette série d'articles traitant des conséquences de la crise du COVID-19 sur les chaînes d’approvisionnement et des questionnements soulevés par ce choc mondial. Vous pouvez consulter l’ensemble des articles ici.
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